Quelques repères...
La pratique théâtrale :
Contrairement à ce que l’on peut penser, le théâtre est un exercice d’humilité :
- Humilité du metteur en scène face à ses comédiens, car il indique, il dirige « bien au chaud derrière sa table de travail », et ce sont eux qui sont en scène, qui risquent, qui se risquent, qui « se mettent en danger » face au public. Ils sont en première ligne pour recevoir les coups si la réalisation ne plait pas.
- Humilité des comédiens devant leur personnage qu’ils doivent nourrir, aimer, en s’oubliant soi-même pour le faire vivre, pour la joie du spectateur.Cela ne signifie pas qu’il faut être effacé ! Mais mettre toutes ses capacités au service du rôle ;
1. Interpréter un rôle
Une règle de base, simple : ne jamais chercher à faire rire, faire plaisir, ni à plaire au public. Mon problème, en tant que comédien, c’est de ME faire plaisir, de m’amuser dans mon personnage. Et je m’amuserai lorsque j’aurai découvert et ressenti qui il est au fond de lui, comment il se situe dans l’histoire, quels sont ses rapports avec les autres personnages,... Alors, quand j’y serai à peu près arrivé, le spectateur sera heureux (et moi aussi). Mais pour « apprivoiser », cela demande un minimum de travail (je dois le nourrir, comme je disais plus haut). Alors, parlons de ce travail
2. Une relation double : personnelle et communautaire
Lorsque j’interprète un personnage, j’établis en quelque sorte une relation avec lui en « fermant mes propres sens pour les ouvrir à ceux du personnage » (Auteur ?). C’est un peu comme un « corps à corps amoureux » : dimension personnelle. Et, d’autre part, je suis en relation avec les autres personnages : dimension communautaire. C’est un peu comme dans la vie spirituelle: il y a une dimension sacrée et liturgique du théâtre. De manière plus terre à terre, je dirais que l’on travaille ENSEMBLE. Il ne suffit pas d’être bien dans son personnage : je dois être bien AVEC les autres. Développer l'esprit de troupe.
3. La parole. Les intentions. Le personnage
Le premier contact que nous avons avec une pièce, ce sont les mots. En eux-mêmes, ils ne sont rien. Ils sont le résultat d’une émotion, d’un choc, bon ou mauvais, qui précèdent – de près ou de loin – la parole du personnage. Ce qui signifie que JE NE DOIS JAMAIS JOUER LES MOTS. C’est l’intention qui doit me préoccuper : qu’est-ce qui arrive à mon personnage, que lui a-t-on dit ? De quoi a-t-il été témoin ? C’est son état intérieur que je dois trouver, et surtout apprendre à RESSENTIR, qui me donnera ensuite l’intention pour exprimer le texte. Le mot « ton » est à bannir : il peut être une référence de diction, mais n’a pas sa place dans l’interprétation.
4. La situation
C’est la deuxième donnée, après le personnage, qui va me servir pour jouer : que se passe-t-il à ce moment précis, dans la scène que je suis en train de travailler ? Avec qui me trouvé-je ? Qu’est-ce que chacun fait, vit, là, maintenant ? Quelles sont mes relations avec les autres ? Voilà toutes les questions que je dois me poser avant d’aborder une scène.